Des tamis et un entonnoir

La préhistoire

Cinéphile Ricardo Méndez ? Affirmatif ! Il est même devenu, durant ses heures de service en qualité d’Officier de Police de quartier, consommateur régulier de contenus vidéos sur la plateforme européenne dite culturelle ARTE-TV (Association Relative à la Télévision Européenne).

Le lecteur, voulant, en apéritif, un peu approfondir, lira certainement avec intérêt la page wikipedia et la ligne éditoriale ARTE-France relatives à cette chaîne audiovisuelle.

Comme tous les médias, Arte-TV a toujours cherché bien entendu à mettre en avant des contenus vidéos en fonction des profils de groupes d’usagers. Ces groupes sont généralement de taille très restreinte (une famille typiquement) et identifiés par une adresse IP (l’adresse IP externe du routeur LAN/WAN de chaque groupe matérialisé très souvent par une « BidonBox » – remplacez « Bidon » par… « Orange », « Free » ou ce que vous voulez ! bougonna le flic asocial -). Des données horodatées sont collectées et stockées sur le terminal domestique (« un PC ou ce que vous voudrez ! » rebougonna Méndez) dans des fichiers « cookies » à des fins de mesure d’audience, de communication ou de marketing afin de mieux adapter l’offre de contenus pour un groupe d’utilisateurs. Rien de bien neuf là-dedans.

Si vous voulez en savoir encore plus

Et Ricardo de griffonner un schéma sur la nappe papier du restaurante Cabaneros (à l’instar d’Arthur Laffer !)

Le lecteur féru en théorie de l’information notera instantanément la présence d’une boucle de rétroaction où les données de sortie sont réinjectées, après analyse, à l’entrée de cette machine cybernétique. Un peu comme le mécanisme de la chasse d’eau qui avait tant inspiré Ricardo jusqu’à l’inciter à se plonger dans les travaux de Norbert Wiener.

Réflexions philosophiques d’un vieux flic près d’une chasse d’eau

Jusque là, les fidèles lecteurs de Ricardo penseront avoir perdu leur temps et même imagineront le policier diminué atteint de démence sénile…

Malgré tout, et à ce stade d’analyse, 2 points sont à développer :

1 ) Il y a quelques décennies, Il était particulièrement difficile pour une entreprise commerciale ou un Etat de savoir ce que lisait ou regardait un citoyen pour peu que ce dernier ne soit pas connecté pour accéder à l’information désirée. Achat contre paiement en liquide d’un livre, d’un CD, d’un DVD ou visionnage d’un contenu depuis un téléviseur non connecté, étaient parmi les conseils préconisés par le grand prêtre de l’Open Source Richard Stallman à qui voulait préserver son anonymat.

2) Dorénavant, le piège s’est refermé. Il devient très difficile d’accéder à des informations sans être connecté à l’Internet et donc de ne pas être ciblé de manière assez précise à des fins de surveillance et/ou commerciales. Ciblé de manière assez précise ? Disons que ARTE-TV (puisqu’il s’agit de cette organisation ici) sait que tel groupe (telle famille pour simplifier) a accédé à tel contenu, sans savoir quel est le membre du groupe… L’abonné au fournisseur d’accès ? Un invité de passage ? Le père de famille ? Sa fille mineure et handicapée ? Qui regarde quoi ?

Un pas vers le futur. Les menottes se resserrent…

Le mécanisme décrit plus loin consiste en une amélioration de l’existant décrit supra en introduisant un agent conversationnel (un ChatBOT en version beta à ce jour) géré par OpenAI de Microsoft.

https://chatbot.arte.tv/fr

A ce nouveau mécanisme, 2 préalables :

1. l’ouverture d’un compte Arte-TV + l’acceptation des CGU du ChatBot (un document bien caché et accessible uniquement si ouverture d’un compte ARTE… ),
2. l’introduction d’un module  » Intelligence Artificielle  » ChatBot-Arte dont le sous-traitant est OpenAI.

Et le flic aviné de tracer magistralement sur la nappe un deuxième schéma, complémentaire du premier.

La dynamique est quasi-identique à celle du premier schéma à ceci près que l’utilisateur livre ses recherches de contenus à une entité nébuleuse gérée par Open AI dont le but est de collecter les désirs d’un individu clairement identifié mais aussi de les interpréter et de fournir à l’usager des suggestions de contenus à visionner. L’ajustement du tamis est directement lié aux désirs d’un unique utilisateur suggérés (sussurés à l’oreille droite ?) par notre agent conversationnel ChatGPT-Arte classé (c’est bon pour le marketing et la communication) parmi les logiciels IA.

Les détracteurs du flic anarchiste, et ils sont légion, argueront que l’utilisateur n’est pas clairement identifié. Tous les membres du groupe (du ménage on va dire) peuvent être masqués derrière un compte unique. Ceci n’est que partiellement vrai. La vente des PC domestiques est en chute libre au bénéfice des smartphones grand écran. Ces smartphones sont clairement à usage individuel et identifiés par une adresse IP unique.

La boucle est bouclée !

Ricardo Méndez

La cerise sur le gateau (la mariée est décidément trop belle)

Le gras dans le texte (exhaustif et non modifié) des CGU infra est de Méndez.

Conditions générales d’utilisation du Chatbot ARTE

Les présentes conditions générales d’utilisation ont été rédigées le 4 octobre 2024.

1. Objectif du Chatbot et acceptation des conditions d’utilisation

Le Chatbot ARTE (en version bêta) a pour objectif de vous assister dans la recherche de programmes disponibles sur arte.tv.

L’utilisation du Chatbot nécessite la création préalable d’un compte MonArte ainsi que le consentement exprès de l’utilisateur. En accédant et en utilisant le Chatbot ARTE, vous acceptez sans réserve les présentes Conditions Générales d’Utilisation (CGU) et vous engagez à respecter les lois et réglementations en vigueur.

2. Fonctionnement et limitations

Le Chatbot repose sur un modèle d’intelligence artificielle conçu pour vous proposer des contenus susceptibles de vous intéresser, basés sur la programmation actuelle de ARTE GEIE. Toutefois, il peut fournir des informations incorrectes, en raison du fonctionnement probabiliste de l’IA.

En cas de doute, nous vous recommandons de vérifier les informations fournies par le Chatbot (ex : les horaires de diffusion ou le détail des programmes) avec d’autres sources, telles que le guide des programmes de ARTE GEIE ou le site arte.tv.

3. Utilisation responsable

Le Chatbot ARTE est exclusivement destiné à fournir des recommandations et informations liées à la programmation de ARTE GEIE. L’utilisateur s’engage à respecter cet usage et à éviter toute action susceptible de compromettre le bon fonctionnement du service, notamment :

Extraction automatique ou « scraping » de données ;

Génération de contenu inapproprié, illégal ou offensant ;

Tentatives de contournement des mesures de sécurité.

Toute violation de ces règles, y compris des infractions relatives aux droits de propriété intellectuelle, peut entraîner la suspension ou l’arrêt de votre accès au Chatbot.

4. Collecte, traitement et sécurité des données

Responsable de traitement : ARTE GEIE

Sous-traitant : Azure OpenAI

Les données traitées par ARTE GEIE lors de vos interactions avec le Chatbot sont strictement limitées à celles nécessaires à son bon fonctionnement. Ces données sont utilisées pour vous fournir des recommandations personnalisées et ne sont pas partagées avec des tiers à des fins commerciales.

4.1 Sécurité et surveillance proactive des contenus (Content Monitoring)

Des mécanismes de surveillance proactive des contenus sont mis en place par Microsoft via la plateforme Azure OpenAI pour garantir un usage sécurisé et éthique. Cela permet de détecter tout comportement abusif, tel que la création de contenus inappropriés ou illégaux. Cette surveillance peut entraîner la collecte et l’analyse de certaines données de conversation à des fins de détection d’abus.

4.2 Traitement des données et transfert hors de l’Union européenne

Dans le cadre de l’utilisation du Chatbot, certaines données peuvent être traitées par Azure OpenAI pour assurer le bon fonctionnement du service. Ces données peuvent être transférées vers des centres de données situés en dehors de l’Union européenne conformément aux exigences légales en matière de protection des données.

4.3 Conservation des données

Vos conversations avec le Chatbot sont conservées sur des serveurs sécurisés pour une durée n’excédant pas six (6) mois. Vous pouvez à tout moment télécharger ou supprimer votre historique via l’interface du Chatbot.

5. Vos droits sur vos données personnelles

Conformément au Règlement général sur la protection des données (RGPD), vous disposez des droits suivants sur vos données :

Droit d’accès ;

Droit de rectification ;

Droit d’opposition ;

Droit à l’effacement ;

Droit à la limitation du traitement ;

Droit à la portabilité des données.

Vous pouvez exercer ces droits en envoyant un email à dpo-arte@arte.tv ou en écrivant à : ARTE G.E.I.E. – Service DPO / Direction juridique, 4 quai du Chanoine Winterer, 67000 Strasbourg.

Pour protéger votre vie privée, nous prendrons des mesures raisonnables pour vérifier votre identité avant de répondre à votre demande. Si vous estimez que vos droits ne sont pas respectés, vous pouvez contacter la CNIL via leur site : https://www.cnil.fr.

L’analyse (de bistrot ?) du flic barcelonais

Que faudrait-il montrer du doigt dans ces CGU ?

• Comme annoncé en début d’article, pour utiliser ce nouveau service de recherche, il faut être titulaire d’un compte ARTE et accepter les CGU… Rien de vraiment nouveau sur la planète diront certains. Mais pour consulter ces CGU, il faut activer le compte ARTE au préalable. Curieux anonymes, s’abstenir ! Et il n’est pas commode d’accéder aux CGU, le lien est bien caché ! Tout ça met la puce à l’oreille du meilleur enquêteur de son quartier !
• Le Chatbot repose sur un modèle d’intelligence artificielle conçu pour vous proposer des contenus susceptibles de vous intéresser, basés sur la programmation actuelle de ARTE GEIE. Toutefois, il peut fournir des informations incorrectes, en raison du fonctionnement probabiliste de l’IA. Méndez est heureux d’apprendre que l’IA repose sur des modèles mathématiques probabilistes susceptibles de fournir de faux résultats !

« Quel aveu d’impuissance ! », siffla le policier.

• 4.2 Traitement des données et transfert hors de l’Union européenne : Dans le cadre de l’utilisation du Chatbot, certaines données peuvent être traitées par Azure OpenAI pour assurer le bon fonctionnement du service. Ces données peuvent être transférées vers des centres de données situés en dehors de l’Union européenne conformément aux exigences légales en matière de protection des données.

Ainsi, les données collectées par ChatGPT-Arte avec consentement explicite ou non du citoyen, vont alimenter des bases de données anglo-saxonnes…

Cherchez à qui profite le crime !

Ricardo Méndez

L’utilisation que semble vouloir faire ARTE-tv de l’AI semble être à contre-courant des émissions proposées sur ce sujet en amont du tamis général… Les requêtes des utilisateurs d’ARTE-tv près de ChatGPT risquent d’induirent à terme un manque d’originalité de l’offre multimédia proposée (on ne fait des recherches que sur des sujets dont on a entendu parler) mais aussi de reproduire et amplifier, et c’est plus grave encore, les biais cognitifs de toute une époque…

A terme, la ligne éditoriale sera déduite des analyses statistiques de ChatGPT-Arte !

Quel plan-business a séduit la Direction de ce média européen ? Quels seront les véritables bénéficiaires ? La concurrence américaine ?