Garde à vue

Ricardo Méndez, le flic alcoolique et déprimé des Ramblas, pratique les gardes à vue depuis plus de 40 ans… mais jamais dans le réduit sombre et humide du deuxième sous-sol du Comisaria de Policia au Carrer Nou de la Rambla qui lui sert de bureau, situé stratégiquement entre les toilettes odorantes des fliquettes en tenue et les archives.

Non, Méndez pratique cette forme de détention près de la scène du crime ou alors, par temps de pluie, dans le bar le plus proche… Une pratique somme toute démocratique car les clients usuels peuvent assister à la joute verbale qui s’instaure entre l’Homme de Loi et le présumé coupable qui, après quelques verres de mauvais vin, lâche le morceau. Ricardo procède alors à l’arrestation de ce dernier pour, fort souvent, le relâcher quelques minutes plus tard en échange de précieux renseignements. Le statut de l’individu se sublime très rapidement de suspect à ami du vieil officier tant la phase d’arrestation est courte…

Garde à vue peut aussi évoquer chez les cinéphiles un film remarquable du même nom réalisé en 1981 par Claude Miller. Antoine Gallien (Lino Ventura, le bon flic) et son adjoint Marcel Belmont (Guy Marchand, le méchant) cuisine un notaire de Cherbourg, Jérôme Martinaud (Michel Serrault). Ce type de garde à vue était considéré comme un modèle du genre par toutes les chaussures à clous françaises de l’époque.

Malheureusement, dans la France actuelle, de plus en plus de citoyens ont à faire face à l’enfermement et à la violence de l’autorité qui viole impunément l’article R434-17 du Code de la Sécurité Intérieure, une systémisation des comportements observés chez Marcel Belmont dans le film de Miller en quelque sorte :

« Toute personne appréhendée est placée sous la protection des policiers et des gendarmes et préservée de toute forme de violence et de tout traitement inhumain et dégradant […]. Le policier ou le gendarme ayant la garde d’une personne appréhendée est attentif à son état physique et psychologique et prend toutes les mesures possibles pour préserver la vie, la santé et la dignité de cette personne. »

article R434-17 du Code de la Sécurité Intérieure

Fort à propos, Ana Pich, à l’instar de son ouvrage Chroniques de l’injustice ordinaire (Récits de procès illustrés), a publié en janvier 2025 son « Petit guide pratique pour celles et ceux qui luttent pour leurs droits » aux éditions Massot.

Un ouvrage concis. Un livre synthétique. Un indispensable. A prix démocratique. Si vous n’avez pas les moyens de l’acheter, alors, volez-le ! Mais surtout, n’oubliez pas de le partager. Le flic barcelonais remercie sincèrement ici Ana Pich.

Ana Pich est née en 1994 à Nantes. Après des études de droit et de criminologie, où elle s’intéresse tout particulièrement à la dimension politique des décisions de justice et aux discriminations, elle entreprend un travail de documentation des violences judiciaires. Elle publie quotidiennement sur les réseaux sociaux, et dans des médias indépendants, les procès qu’elle illustre directement dans les salles d’audience.

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