L’inspecteur Ricardo Méndez, encore au premier échelon de son grade après des décennies de carrière, aime parler moto surtout quand ce véhicule est associé au voyage.
Grand est le nombre de modèles de motos commercialisés, non moins grande est la diversité des motards et de leurs attentes… Dans cet article, le vieux flic de Barcelone ne prodiguera pas de conseils éculés, ne vous dira pas quelle est la meilleure motocyclette pour voyager loin, ne vous influencera pas en vous susurrant à l’oreille des marques d’équipements, ne vous volera pas votre argent ni votre moto ! A contrario, il acceptera probablement de votre part un anis servi à la mode corse… un pastis bien dosé dans un verre rempli de glaçons avec juste la place pour mettre quelques millilitres d’eau pour faire fondre le premier glaçon qui, lui, fera fondre les suivants !
Jetez au feu tous les guides moto que vous auriez pu lire, effacez de votre mémoire les vidéos Youtube des influenceurs qui vous font croire qu’une BMW GS est la seule capable de traverser la Corse, qu’un trip ne comportant pas un franchissement d’obstacle tous les 10 kms n’est pas un vrai voyage à moto… La réalité est beaucoup plus simple que ça !
Pour voyager loin à moto en ménageant le pilote et sa monture, une seule (Méndez vous répète : « une seule ») règle est à considérer :
Le poids est l’ennemi du motard !
Cette règle est bien entendu complémentaire à celle de Jean-Pierre Beltoise « Conduire juste ! »
Une règle évidente diront les détracteurs de tous poils de Ricardo… Et pourtant cette règle est oubliée ou transgressée par 80 % des motards-voyageurs… Une valeur statistique à la louche établie par le flic au visage fripé lors de la longue attente au soleil au port de Nice avant embarquement vers la Corse… 70% des motos sont… des BMW GS et 80 % des motos sont des gros trails hautains (de par leur taille !) et lourds chargés pour la plupart des 3 bagages se voulant indispensables (1 top-case et une paire de sacoches alu !)… Nous y reviendrons ! Méndez, sans doute un peu misogyne, n’a pas osé évoquer le « 4ème bagage », la passagère encore appelée SDS !
le poids (donc l’ennemi du motard, rappelons-le une dernière fois !) doit être au maximum diminué au niveau de la moto, du pilote (et son éventuel co-équipier) et des bagages.
La moto
La moto devrait être idéalement légère (typiquement < 200kg tous pleins faits sans pilote et sans bagage) mais… une moto légère sera moins carénée qu’une grosse moto donc moins protectrice et donc moins confortable au long cours, tout est dans le compromis ! Les gros trails seront souvent contre-productifs alors qu’une Honda CRF 450 pêchera, elle, par le manque de confort…
Le poids en lui-même ne signifie pas grand chose car le centre de gravité joue beaucoup en influençant très fortement la maniabilité de l’engin à basse vitesse… Le centre de gravité est lié principalement et pour simplifier :
- à l’architecture du moteur (et dans une moindre mesure à la cylindrée de celui-ci),
- à la partie cycle et la fameuse « garde au sol »,
- à la contenance et à la position du (des) réservoir(s) (KTM a eu une idée de génie en équipant certaines de ses motos de réservoirs secondaires situés latéralement et en position basse),
- à la position de la bagagerie.
Enfin, un critère qui n’est que rarement pris en considération lors de l’achat d’une moto est le fameux rayon de braquage… Un rayon de braquage court sur une moto légère au centre de gravité bas, permettra de sortir, sans fatigue aucune, des situations délicates (dévers, demi-tour serré, sortie de parking etc… )…
Le pilote
Là encore, dans l’absolu, le pilote (et son passager éventuel) devront être sweltes !!! Chassons une fois pour toutes l’idée qu’il faut avoir un physique de catcheur buveur de Kronembourg pour piloter une moto ! La technique prime sur la morphologie du pilote !
Méndez affiche sans complexe une taille de 1m69 pour 55 kg !
Les bagages
Méndez ne rentrera pas dans la polémique interminable et stérile : « bagage mou » versus « bagage dur » !
là encore, la seule règle qui compte, c’est le poids !
Méndez, lui, mixte les 2, le « mou » et « le dur » (encore une histoire de compromis ! ) :
- le mou : un simple sac de selle étanche type sac marin de 35 l avec fermeture par enroulement (étanchéité assurée !) attaché au véhicule par 2 sangles… Le plus léger (et le moins cher !) des bagages !
- le dur : un grand top-case alu de 58 l (de par sa taille, vous retrouverez très facilement les références de ce matériel) + un tout petit coffre latéral monté côté droit pour mettre quelques outils…
et c’est tout ! Bien entendu, le plus lourd sera dans le bagage de selle et dans le petit coffre, transformé en boite à outils…
Pour l’exemple, lors de sa mission en Corse de presque un mois, le flic déclinant s’est satisfait de :
- 8 kg de bagage « mou » (poids incluant contenant et contenu, y compris un excellent lonzo !),
- 7 kg de bagages « durs » (poids incluant là-encore contenant et contenu, matériel photo et outils compris !).
Et pour conclure, votre ami Ricardo vous donne une de ses astuces ! Partir léger, CQFD… mais… revenir encore plus léger… c’est encore mieux !! Prendre des fringues usagées ou à très bas coût permet de les jeter ou… de les donner ! Et, si au cours du voyage, l’on veut se délester d’affaires importantes ou d’excellentes charcuteries corses qui pèsent leur poids… C’est simple, envoyons-les à une tierce adresse par La Poste !
Allez… l’inspecteur avait promis de ne pas citer de marque… Mais… pour le voyage… des fringues de qualité à « pas cher » peuvent être obtenues chez Wurth !!! (4€ le tee-shirt ou 10 € le tee-shirt technique !). Non, cet article n’est pas sponsorisé !
Un photographe insignifiant incarne l’inspecteur Méndez ! 
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