L’inspecteur a-t-il perdu la tête ?

Cet article fait réponse au commentaire posté sur Mastodon par un suiveur assidu du condé au cerveau nécrosé à la vue de ses photos de phare. Cette personne se reconnaîtra !

A quoi sert la photographie ?

A cette question posée, statistiquement, 2 réponses vont être données :

• la photographie est une technique permettant de copier le plus fidèlement possible et à moindre coût le réel (univers en 3D) sur un support quelconque en 2D (écran, papier, aluminium… tout est possible). Cette technique est basée, comme l’on dit en ingénierie informatique, sur le « best effort » : qualité la meilleure possible, à un coût raisonnable. Le résultat doit être « reproductible » : à tels paramètres, tel résultat.
• la photographie est une technique permettant de montrer ce que l’on ne peut pas voir… Elle est alors considérée comme un Art. Dans ce cas, même l’artiste, dans des conditions identiques (de lieu, d’éclairage… ) ne sera pas capable de reproduire à l’identique la même scène car la photo réalisée dépendra notamment de ses états d’âme au moment de la prise de vue.

Tout s’oppose dans la pratique de ces 2 conceptions de la photographie.

Analysons une première séquence d’images (phare du Mont-Saint-Clair à Sète)

Photo 1 : cliché évidemment documentaire, l’objectif étant de représenter au mieux la réalité (source Wikipedia). Horizon parfaitement horizontal, arrière plan uniforme (ciel bleu sans nuage), le sommet du phare arrive en butée sur le haut de la photo… Seul le phare compte, pas son environnement. Cette photo ne porte aucun message autre que la représentation la plus exacte possible de cette construction architecturale.

Photo 2 : cliché réalisé en septembre 2024 par Méndez. L’horizon est légèrement penché (ce que l’oeil humain ne peut se représenter), le cliché est pris en contre-plongée avec une focale de 27 mm : la base du phare sera allongée et sa lanterne sera tassée. A priori, le phare n’a que peu d’importance, il servira tout au plus de ligne de fuite pour amener l’oeil de l’observateur vers un ciel qui est tout sauf neutre. Le vieux flic a retravaillé le ciel au développement avec Darktable pour un rendu se voulant  » perturbé et inquiétant « . Il n’y a pas d’issue possible. Au delà du phare, un univers inconnu, par endroits attractif (une zone lumineuse) et par d’autres, sombre, menaçant… Par ailleurs, le cliché est monochrome, ce que ne peut se représenter, sauf artifice technologique, la vision de l’homme.

Deuxième séquence d’images (Phare Saint-Louis pris à Sète par Ricardo Méndez, septembre 2024)

Un seul et même cliché, l’un développé en monochrome, l’autre en couleur. Clairement, et même pour un oeil non averti, cette photo n’a pas pour objectif de reproduire la réalité. Horizon fortement penché, ombres et lumières (cas 1) ou couleurs (cas 2) retravaillées, des contrastes très délimités et tranchés qui partagent l’image en 3 zones : la terre, plutôt hostile car sans végétation apparente, une nébuleuse nuageuse et enfin un ciel plutôt noir (cas 1) ou bleu très saturé et sombre (cas 2). Le phare, aux yeux de Ricardo n’est pas essentiel. Il s’agit juste d’un moyen de transport de la terre vers le ciel via une nébuleuse bien incertaine… L’image de droite dégage l’idée d’un monde plus engageant que l’image de gauche… Qu’en pense le lecteur ?

Dernier cas : Phare de la jetée du Dragon à Bastia (photo 2 : Ricardo Méndez, septembre 2023).

Les amateurs de photo aguerris qui suivent les aventures du policier déchu auront reconnu le style de l’insignifiant photographe… encore un phare, toujours un horizon fortement penché et un développement affirmé que certains trouveront abusif…

Mais pourquoi faire pencher l’horizon ? Tout simplement… pour le représenter penché… Ce qui est impossible à l’oeil et au cerveau humains comme l’explique Nath-Sakura !

Représenter un horizon…