Biblioteca Pública Arús, Barcelone, 6 décembre 2024, 15h41 : le regard d’une bibliothécaire est attiré par la silhouette d’un homme au dos courbé plongé dans la lecture d’une BD de Martin Veyron publiée dans l’Echo des savanes en 1982. Il s’agit de l’Officier de Police Ricardo Méndez dévorant « L’amour propre ne le reste jamais très longtemps « . Sous l’éclairage diffus d’une lampe notaire, le flic désoeuvré sourit à la lecture de l’échange entre le héros, incapable de se remémorer sa propre adresse et un chauffeur de taxi :
- » Rien ne se perd, rien ne se créé, tout se transforme » dit le héros au chauffeur de taxi.
- » Rue Lavoisier ! » s’exclame le machiniste.
Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme est une citation apocryphe d’Antoine Lavoisier sur la conservation des masses lors du changement d’état de la matière. » Ce principe peut se vérifier dans quasi tous les domaines » pensa le flic humaniste. Et de se souvenir du dernier NSF (Nath-Sakura Flash) mis en ligne ce matin même…
Nath- Sakura explique avec le brio qui est le sien qu’une oeuvre d’art n’est jamais créée ex-nihilo mais est le fruit de beaucoup de travail et de rencontres. Et de citer le grand Van Gogh dont les oeuvres magistrales s’inspirent des travaux d’Honoré Daumier, Jean-François Millet, Paul Rubens, Toulouse-Lautrec, Emile Bernard, Paul Gauguin bien sûr mais aussi Eugène Delacroix (couleurs complémentaires), le chimiste Michel-Eugène Chevreul (loi du contraste simultané). Van Gogh a aussi été fortement inspiré par l’art japonais. Rien ne se perd (les oeuvres précédentes sont des briques pour les suivantes), rien ne se créé (ex-nihilo), tout se transforme (en de nouvelles oeuvres).
Le plus extraordinaire, comme l’explique Nath-Sakura, est que Van Gogh a représenté dans son tableau » La nuit étoilée » les mouvements circulaires de la lumière dans le ciel que les spécialistes de la mécanique des fluides qualifient » d’écoulement turbulent « . La compréhension de ce phénomène a été publié en 1941 par le grand mathématicien russe Andreï Kolmogorov soit 51 ans après l’achèvement de La nuit étoilée.
L’art et la science (sous toutes leurs formes) sont complémentaires. Grandes oeuvres et découvertes scientifiques majeures se complètent pour permettre à l’Homme d’avoir une compréhension plus globale du Monde. Arts et Sciences ne sont que leviers permettant à l’Homme de mieux appréhender le réel sans jamais y parvenir totalement.
Comme il est stupide d’isoler sciences dures et sciences molles, sciences et humanités comme le font les politiques acculturés déplore le flic de quartier…
Plongé 40 ans en arrière, Méndez se souvient d’avoir dévoré, alors qu’il tentait de comprendre les grands principes scientifiques et techniques piliers de la société numérique que nous connaissons aujourd’hui, un ouvrage majeur : Les Brins d’une Guirlande Éternelle de Douglas Hofstadter publié en 1979.
« Je me suis rendu compte que Gödel, Escher et Bach n’étaient que des ombres projetées dans différentes directions par une essence centrale. J’ai essayé de reconstruire cet objet central, et c’est ce livre. »
Douglas Hofstadter

» Le relire avant de mourir » marmonna, songeur, Ricardo Méndez, bien plus tard dans la journée, un verre de Aguilera 2008 posé sur le comptoir d’un des bars obscurs qu’il affectionne tant.
4 réponses à « L’amour propre ne le reste jamais très longtemps »
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Très intéressant…
Merci beaucoup pour la découverte !J’aimeAimé par 1 personne
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Merci beaucoup ! Mais ce n’est qu’un article insignifiant de plus ! J’essaie surtout d’apporter un peu d’humour en fait !
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Alors, continuez et ne lâchez pas (surtout la rampe ^^, hop c’est fait !)
Apporter de l’humour est une chose fortement utile et nécessaire à l’espèce humaine (ce que cette dernière oublie fort souvent…).J’aimeJ’aime
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Je vais essayer ! Ne pas se prendre au sérieux mais sans perdre nos valeurs (humanistes de préférence en ce qui me concerne !) A l’image de Méndez… Un sacré personnage de Ledesma ! (certes quelque peu alcoolique et qui peut parfois lâcher la rampe !)
Merci !
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