Méndez aime la moto c’est bien connu et la plupart de ses déplacements, missionnés ou non, s’effectuent sur sa belle maîtresse italienne, une Moto Guzzi V85 TT Evocative Graphics !
Essai pratique de la Moto Guzzi V85 TT, le véhicule de service de l’officier de police Méndez
L’inspecteur, dont la conduite à motocyclette semble aléatoire aux yeux de ses supérieurs, a fréquemment observé, lors de ses nombreux voyages en Inde, une conduite automobile anarchique ressentie par les étrangers venus des pays du Nord comme inefficace et carrément dangereuse !
En fait, même dans les pays du Nord, l’on retrouve sporadiquement ce type de circulation a priori anarchique tant à Barcelone, Rôme ou Paris ! C’est le cas notamment place de l’Etoile dans la capitale française où les conducteurs avertis mettent en oeuvre des stratégies d’évitement en privilégiant inconsciemment la trajectoire la plus rapide (et par forcément la plus courte) tout en minimisant le risque de collision. Sur cette place, ni marquage au sol, ni signalisation verticale inutile ! Bien entendu, chaque conducteur, s’il veut être optimiser sa route se doit d’être efficace et « conduire juste »…
« Aucune voiture autonome n’est actuellement capable de traverser cette place aux heures de pointe » se dit le vieux policier…
Conduire juste
Qui se souvient de ce fantastique pilote automobile Jean-Pierre Maurice Georges Beltoise (JPB) qui a fondé en 1987 « Conduire Juste« , une école de conduite et de pilotage bien particulière ?


Selon JPB, « conduire juste » repose sur 4 points indissociables :
- Préparer sa conduite
- Voir
- Prévoir
- Anticiper
qui mettent en oeuvre bon sens, curiosité, imagination et organisation.
« Dans l’invisible, l’imprévisible reste prévisible » se plaisait-il à dire…
L’extraordinaire sens de l’orientation des fourmis
Méndez, aux poches pleines de livres est un gros lecteur… Il est fasciné par l’extraordinaire sens de l’orientation des fourmis… décrit dans un article du Journal du CNRS…
Excellente mémoire visuelle et sens de l’orientation versatile font que les fourmis maintiennent une trajectoire rectiligne quelque soit la façon dont elle se déplacent… Elles maintiennent le cap envers et contre tout !
Matthew B. Crawford
Matthew B. Crawford, philosophe et réparateur de motos, décrit dans son dernier ouvrage les capacités de mémorisation et de sens de l’orientation des chauffeurs de taxis londoniens… alors qu’à l’inverse, les voitures autonomes vont anihiler nos capacités d’attention et d’adaptation au profit de « la monétisation brutale de chaque instant disponible de notre cerveau ».
La chaucidou
Les capacités requises pour « conduire juste » sont anesthésiées par une conduite codifiée à l’extrême qui voudrait ne laisser aux conducteurs aucune initiative… des assistances électroniques embarquées dans les véhicules exercent des actions incitatives (les fameux nudges !) et mêmes coercitives (GPS avec infoTrafic, radars de recul, d’angle mort, adaptatif… ). Les comportements des conducteurs sont sous surveillance (caméras et radars de nouvelles générations). Mais certaines expérimentations comme la « chaucidou » ou « Chaussée à voie centrale banalisée » donne de l’espoir à Ricardo…



A travers cette expérimentation, reviendrait-on à la conduite indienne ? A ceci près qu’en Inde, celui qui est le plus fort passe en premier sans ménagement aucun alors que la chaucidou est là pour faciliter et sécuriser le déplacement des véhicules les plus vulnérables… Une CHAUssée pour les CIrculations DOUces !
Le RIPAM
Et si l’on s’inspirait du fameux RIPAM s’interroge, dubitatif, le flic barcelonais ?
Le RIPAM (Règlement International pour Prévenir les Abordages en Mer) énonce des règles simples pour éviter la collision entre 2 navires :
Afin d’éviter la route de collision, il suffit, soit de :
* manœuvrer de manière claire et compréhensible par l’autre navire,
* manœuvrer largement à l’avance,
* réduire sa vitesse,
* faire marche arrière.
Le RIPAM, contrairement à la circulation routière indienne, privilégie le bateau le plus vulnérable, ainsi un navire à voile aura priorité sur un bateau à moteur…
D’ailleurs, Il n’existe pas, à proprement parler, de « priorités » en mer, seulement des navires « privilégiés » et d’autres « non privilégiés », sans oublier que, en cas de risque de collision, le navire privilégié doit manœuvrer pour l’éviter si l’autre ne manœuvre pas ou effectue une manœuvre insuffisante pour éviter la collision.
Tout navire doit mettre tout en œuvre pour éviter une collision avec un autre navire.
Le marin et écrivain Olivier de Kersauzon ne pouvait pas mieux résumer l’attitude à adopter : “Quand un cachalot de 45 tonnes vient de tribord, il est prioritaire. A bien y penser, quand il vient de bâbord aussi …”
« Rien que du simple bon sens » se dit Méndez comme l’avait affirmé bien avant lui JPB !
5 réponses à « Conduire juste ou l’éloge de la conduite efficace ! »
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Cher Inspecteur,
Comme vous le savez, je suis un fervent adepte de la conduite de tous types d’engins motorisés. Je me suis assis aux commandes de nombreux véhicules de taille et de conception fort différentes avec autant de plaisir de piloter chacun d’entre eux. Aussi vos articles sur ce sujet m’intéressent particulièrement.
Je partage globalement votre analyse sur le « conduire juste » mais certaines de vos références à la conduite en Asie (vous parlez de l’Inde) et sur la conduite sous « surveillance » voire « coercitive » ne me semblent pas idoines.
Autant la conduite autonome ne trouve aucun intérêt à mes yeux de vieux conducteur de véhicules à moteur, autant l’aide à la conduite apporte un vrai bénéfice dans le plaisir du pilotage.
Comme vous le savez, je vis dans un pays sur le même continent que votre référence, un pays qui détenait le triste record mondial du plus grand nombre de morts par kilomètre pour les 2 roues et se classait en haut de tableau pour les 4 roues.
La règle ici était priorité au plus gros : le camion/bus sur la voiture, la voiture sur le scooter, le scooter sur le vélo et le vélo sur le piéton.
L’anarchie quasi totale régnait :
• Entrée sur les voies rapides par la sortie, sortie par l’entrée, demi-tour sur les voies rapides
• Feux tricolores ne servant que de décoration aux yeux des conducteurs locaux
• Arrêt des véhicules sur les voies de circulation le temps de déguster un bon Pad Thai
• Chargement improbable des véhicules 2 ou 4 roues qui dépasse les lois physiques de l’équilibre, laissant tomber sur la chaussée briques, planches, meubles, voire passagers
• Système de freinage des véhicules du niveau du patin en caoutchouc sur les vélos,
• Niveau de formation des conducteurs inexistant etc.
Ça c’était avant ! C’était il y a 7/8 ans. Conscient du problème, et devant l’accroissement exponentiel du trafic, de grands changements ont été opérés : réelle formation des conducteurs pour obtenir leur permis de conduire, amélioration permanente du réseau routier (qualité du revêtement, mais aussi traçage des voies, feux de trafic, échangeurs…), rajeunissement du parc auto/moto/camion, contrôle des surcharges de véhicules et du port du casque pour les 2 roues etc.
Certes des mesures un peu coercitives. Mais tout a changé radicalement en quelques années. Même si de nombreux points sont encore à améliorer, la conduite est beaucoup plus sûre et agréable que ce soit en 2 ou 4 roues. Moi qui avais renoncé au 2 roues pour des raisons de sécurité, je commence à y penser de nouveau à la vue de ces nouvelles conditions de conduite.
Je ne pense pas que des mesures du style RIPAM aient eut un quelconque impact sur l’amélioration de la sécurité et la qualité de conduite des autochtones.
Un autre point que je ne partage pas avec vous cher Commissaire, est lorsque vous dites que « Les capacités requises pour « conduire juste » sont anesthésiées par une conduite codifiée à l’extrême qui voudrait ne laisser aux conducteurs aucune initiative (GPS avec infoTrafic, radars de recul, d’angle mort, adaptatif…)…
Il se trouve que je possède un véhicule (Ford Everest Bi-Turbo 2020) équipé de nombreuses aides à la conduite (en plus de celles qui sont passées dans l’équipement basic de tout véhicule, comme l’ABS, le GPS… d‘ailleurs en parlant du GPS, quel bonheur que cette invention surtout pour se diriger dans un pays où le réseau routier est complexe et la lecture des panneaux impossible lorsque l’on ne maîtrise pas la lecture de l’écriture alphasyllabique comme le Thaï. Il apporte sérénité et sécurité).
Ces aides sont toutes débrayables. Si on ne souhaite pas les utiliser, on les « switch off ! » Mais elles sont surtout très utiles en termes de sécurité (détection de collision, régulateur de vitesse adaptatif, détecteur d’angle mort) ou d’aide à la conduite (radars divers et variés, caméras de recul ou 360°…).
En aucun cas ces aides suppriment l’initiative du conducteur, elles ne restent que des aides.
En revanche le risque demeure encore et toujours dans l’esprit de sanction qui accompagne nos dirigeants, toujours en quête de voix des concitoyens, de louanges d’associations liberticides et qui vont faire pleuvoir les sanctions sur la base de ces outils qui seront connectés, contrôlés par les services de Police… le risque demeure encore et toujours également dans le désire de profits économiques des assureurs de véhicules roulants, qui vont se servir de ces données pour supprimer leur couverture dommages.
Alors OUI à l’assistance électronique embarquée qui ne doit être qu’une aide à la sécurité et au plaisir de conduire, OUI à ces innovations technologiques qui doivent être débrayables facilement laissant le choix au conducteur de les utiliser ou pas, et NON au contrôle des données, quelle qu’en soit la raison et NON au véhicule autonome.
Bien à vous Inspecteur.
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Cher ami expatrié,
Voilà une très argumentée analyse contradictoire comme l’inspecteur les aime !
Il reconnait bien volontiers n’être qu’un petit motard sans grande expérience, d’ailleurs ses collègues en tenue se moquent de lui quand il laisse choir sa Guzzi en ayant oublié de la béquiller ! C’est donc avec plaisir qu’il a décortiqué votre développement de conducteur d’expérience !En aparté, Méndez tient à souligner qu’il a le grade d’inspecteur et que jamais il ne pourra prétendre au grade d’inspecteur principal et encore moins à celui de commissaire… D’ailleurs son bureau, assez similaire à un grand placard se situe au sous-sol près des cellules de dégrisement et juste à côté des toilettes et des vestiaires des personnels en tenue… C’est dire !
La situation de la Thaïlande en terme de sécurité routière que vous décrivez est… incontestable. C’est un fait vérifié ! Mais… c’est un cas extrême… Le pire que l’on puisse citer… et l’Inde ne fait guère mieux dans le domaine… Ricardo le reconnaît bien volontiers…
Pour améliorer la sécurité routière, il y a classiquement 5 grands leviers :
* la répression (souvent aveugle et de plus en plus souvent automatisée et sans interception immédiate ce qui limite les possibilités de contestation),
* la formation (souvent de durée très limitée et dont le seul objectif est de décrocher un permis de conduire),
* les dispositifs de sécurité et d’aide à la conduite embarqués dans les véhicules,
* l’amélioration du réseau routier (réfection des surfaces roulantes et aménagements intelligents,
* le retrait provisoire ou définitif des véhicules dont l’état mécanique entâche la sécurité.Les états peuvent agir sur ces 5 leviers directement ou en missionnant des entreprises privées ou encore par le truchement d’incitations financières.
Comme tous les leviers, on peut les tirer plus ou moins fort… et c’est bien là l’objet de notre débat !
La répression à grand renfort de technologies est privilégiée par grand nombre de gouvernements et consiste à placer la population dans un panoptique de Bentham ! Je crois que, sur ce point précis, nous sommes d’accord !
Aux yeux de l’inspecteur, la formation des conducteurs est une manette incontournable et qu’il faut privilégier… ! C’est bien pourquoi Jean-Pierre Beltoise est cité et est un des précurseurs en France d’une formation post-permis de très haute qualité ! L’école « Conduire Juste » est toujours en activité et dirigée par ses 2 fils. D’ailleurs Méndez s’est inscrit à plusieurs formations de perfectionnement à la conduite de motocyclettes dont une de haute qualité qui lui a permis d’obtenir à vie 20% de réduction sur sa prime d’assurance !
En fait, notre réel point de divergence concerne les dispositifs informatiques d’aide à la conduite…
Certes, certains sont déconnectables (y compris l’ABS à la roue arrière sur les motos de type trail) mais la zone étendue de confort que peuvent créer ce type de dispositifs peut être contre-productif et amener le conducteur à plus de distraction par perte de vigilance…
Cette distraction n’est-elle d’ailleurs pas voulue par certains acteurs économiques mondiaux qui visent probablement 2 objectifs :* habituer progressivement les conducteurs à une certaine conduite « passive » pour amorcer dans d’excellentes conditions le marché de la voiture autonome (le nouvel eldorado du 21ème siècle !)
* libérer du « temps ludique », détacher du réel les consommateurs afin qu’ils puissent consommer davantage…Et c’est là où intervient l’analyse de Crawford, passionné d’automobiles et de motocycles, ayant participé à plusieurs courses et pratiquant « l’ingénierie populaire » en restaurant de vieux véhicules tout en améliorant leurs performances… Mécanicien et pilote de génie, il est aussi… professeur de philosophie à l’Université de Virginie…
Méndez, le raté de la police espagnole, lui tire son chapeau !Il met en évidence une « prétendue liberté (de l’individu) sans puissance d’agir » et nous implore de nous reconnecter… avec le réel !
Il est difficile pour Méndez d’aussi bien argüer que Crawford aussi il invite à la lecture des 3 ouvrages de ce brillant mécanicien-philosophe : Eloge du carburateur, Contact et Prendre la route !
Pour finir, Méndez adhère à votre conclusion, il cite :
« Alors OUI à l’assistance électronique embarquée qui ne doit être qu’une aide à la sécurité et au plaisir de conduire, OUI à ces innovations technologiques qui doivent être débrayables facilement laissant le choix au conducteur de les utiliser ou pas, et NON au contrôle des données, quelle qu’en soit la raison et NON au véhicule autonome. »
avec quelques nuances près : pourrons-nous, dans le futur, débrayer ces assistances ? Avons-nous ENCORE le contrôle de nos données ? Et qui, réellement, a conscience de ces dangers-là ? Vaste débat !
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Cher Inspecteur Secondaire,
La présence de votre bureau, assez similaire à un grand placard se situant au sous-sol près des cellules de dégrisement et juste à côté des toilettes et des vestiaires des personnels en tenue… n’est pas dû au hasard… ne serait-ce pas un panoptique de Bentham pour surveiller le personnel féminin lors de ses changements de tenue ? 🤔
Pour revenir à notre débat, vous dites : « Certes, certains sont déconnectables (y compris l’ABS à la roue arrière sur les motos de type trail) mais la zone étendue de confort que peuvent créer ce type de dispositifs peut être contre-productif et amener le conducteur à plus de distraction par perte de vigilance… »
Mais la conduite d’un véhicule doit-elle se limiter au simple besoin de déplacement d’un point A vers un point B (ou F pour les plus téméraires 🤪) ou alors doit-on prendre en compte la notion de plaisir procurée par cette activité et donc apprécier cette zone de confort étendue ?
Et si temps ludique était tout simplement le temps passé à conduire ? Et si ce temps ludique était la matrice du véhicule de demain qui nous protègera de la conduite autonome ?
« pourrons-nous, dans le futur, débrayer ces assistances ? Avons-nous ENCORE le contrôle de nos données ? Et qui, réellement, a conscience de ces dangers-là ? Vaste débat ! »
Et bien, restons vigilants, le combat ne fait que commencer… 🤖👾👽☠️
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C’est surtout dans son bureau que l’absence de Méndez est la plus remarquée !!
https://inspecteurmendez.art/wp-content/uploads/2023/08/dsf0957.jpg?w=NaN&h=
Mais il y a du vrai dans ce que vous dites… Le personnel en tenue féminin se méfie toujours un peu de lui !
Vous dites « restons vigilants, le combat ne fait que commencer… » et c’est bien comme ça que Ricardo voit les choses !
L’inspecteur, sous ses airs désinvoltes, est un vrai militant ! Assez proche des « gars du Garage » !
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[…] Conduire juste ou l’éloge de la conduite efficace ! […]
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